miércoles, 5 de junio de 2013

ÉVALUATION DE L’INTERDICTION DE L’ACHAT DE SERVICES SEXUELS




ÉVALUATION DE L’INTERDICTION DE L’ACHAT DE SERVICES SEXUELS
Regeringskangsliet
Services du Gouvernement suédois
Publication de presse
02 juillet 2010
Ministère de la Justice

Traduction en français : Mme Florence PAILLARD pour l’Association
« Mémoire traumatique et Victimologie », octobre 2010

Le rapport d’enquête sur l’interdiction de l’achat de services sexuels, évaluation 1999-2008, a été remis au Ministre de la Justice Béatrice Ask. Le but de l’évaluation était de rechercher comment la prohibition, qui est en application depuis 10 ans, s’applique dans la pratique et quels effets elle a eu sur la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels en Suède. L’évaluation montre que l’interdiction de l’achat de services sexuels a eu l’effet escompté et est un instrument important dans la prévention et la lutte contre la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels.

Effets de l’interdiction
L’enquête a conclu que la prostitution en Suède, à la différence de pays comparables, n’a en aucun cas augmenté depuis le début de l’interdiction. L’interdiction de l’achat de services sexuels a aussi contrecarré l’instauration du crime organisé en Suède. D’où la criminalisation a contribué à combattre la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels. Interdire l’achat de services sexuels a aussi un effet normatif. On a noté un changement d’attitude dans l’achat de services sexuels qui coïncide avec le fait d’avoir criminalisé l’infraction d’acheter du sexe. Il y a maintenant d’importants soutiens à l’interdiction d’achat de services sexuels en Suède. L’interdiction s’est révèlée comme force de dissuasion envers les clients du sexe. L’enquête n’a trouvé aucun élément indiquant que la criminalisation aurait eu un effet négatif sur les personnes exploitées par la prostitution.




 Application de l’interdiction
L’étude de l’application de l’interdiction montre que, après une période initiale d’incertitude, les officiers de police et le Ministère public considèrent que, en général, l’application se déroule bien. Toutefois, il est clair que, l’effet de l’application dépend des moyens déployés et des priorités prises par le système judiciaire.

Mesures proposées
L’enquête souligne la valeur et la nécessité de continuer à soutenir le travail social pour prévenir et combattre la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels. Les efforts doivent être coordonnés pour que ce travail réussisse. En conséquence l’enquête propose la création d’un centre national chargé de coordonner les efforts contre la prostitution et la traite des êtres humains à fins sexuelles.
L’enquête propose aussi que la peine maximale pour achat de services sexuels soit augmentée de six mois d’emprisonnement à un an. L’étude des affaires suivies par l’enquête montre qu’il faut nuancer davantage l’évaluation des cas les plus sérieux d’achat de services sexuels en fonction de l’échelle actuelle des peines possibles au crime. D’après l’enquête, le niveau actuel des peines pour les dommages de certains achats sexuels n’est pas proportionné à l’importance du crime.
De l’avis de l’enquête, une personne exploitée dans le cadre de la prostitution doit être considérée comme la partie victime de l’achat de services sexuels. Le point auquel cette personne doit être considérée comme victime doit être déterminé pour chaque cas.

Téléchargement : SOU 2010 : 49
Services du Gouvernement suédois
SE-103 33 Stockholm Suède
Standard 46 8 405 10 00
CONTACT
Martin Valfridsson
Attaché de presse de Béatrice Ask
46 8 405 47 22
46 70 274 10 22
Chancelier de justice
Anna Skarhed
Directeur de l’enquête
46 8 405 29 01
Ulrika Kullman
Secrétaire d’enquête
46 8 405 23 15

RÉSUMÉ
Le 1er janvier 1999, la Suède devint le premier pays au monde à présenter une loi criminalisant l’achat, mais non la vente, des services sexuels. On peut trouver les dispositions pénales – prohibition de l’achat de services sexuels – Chapitre 6, Section II du Code Pénal.
L’interdiction de l’achat de services sexuels a été introduite depuis qu’il a paru évident que lutter contre la prostitution était d’un intérêt social urgent. A la différence des mesures et initiatives précédentes, la criminalisation ciblait la demande de services sexuels, i.e. les acheteurs de sexe et les éventuels acheteurs. L’interdiction visait à aider la lutte contre la prostitution et ses conséquences nuisibles d’une manière plus efficace qu’il n’était possible en utilisant les mesures antérieures. Le projet de loi établissait qu’il était honteux et
inacceptable que, dans une société d’égalité des sexes, les hommes obtiennent des relations sexuelles occasionnelles avec des femmes contre paiement et que la Suède, en introduisant une interdiction d’achat de services sexuels, envoyait aussi un important signal aux autres pays en soulignant nos intentions quant à l’achat de services sexuels et à la prostitution. Il montrait que la prostitution imposait de sérieux dommages à l’individu et à la société. On attendait que la
criminalisation ait un effet dissuasif sur les éventuels acheteurs de sexe et serve à réduire l’intérêt des différents groupes ou individus à l’étranger qui auraient établi des activités de prostitution organisée étendues en Suède , précautions qui auraient un effet dissuasif sur la fréquence de la prostitution ici. L’interdiction de l’achat de services sexuels est maintenant en application depuis dix ans. Différents objectifs ont été présentés sur les conséquences de la criminalisation. La question de l’évaluation de l’interdiction a été soulevée au Riksdag à plusieurs occasions.
La législation prohibant l’achat de services sexuels a aussi reçu l’attention internationale, et l’intérêt est grand d’apprendre quel effet a eu l’interdiction. Par exemple, le problème grandissant de la traite des êtres humains à des fins sexuelles et de prostitution signifie que beaucoup de pays ont eu des raisons d’envisager de nouvelles méthodes pour combattre l’achat de services sexuels et la traite.
Notre étude a été d’évaluer l’application de l’interdiction d’achat de services sexuels et les effets de la prohibition. Nous avons cherché comment les moyens ont agi en pratique et quels effets l’interdiction a eu sur la fréquence de la prostitution et de la traite des êtres humains à buts sexuels en Suède. Un point de départ de notre travail a été que l’achat de services sexuels doit rester criminalisé.
 
Escudo de Suecia


Quelques points de départ généraux (Chapitre 2)
La proposition de criminaliser l’achat de services sexuels faisait partie de la Déclaration Gouvernementale contre la Violence faite aux Femmes (Kvinnofrid, 1997/98 :55). La Déclaration proposait un grand nombre de différentes mesures dans divers secteurs sociaux pour combattre la violence faite aux femmes, la prostitution et le harcèlement sexuel dans la vie active. Selon la Déclaration, une question qui touchait de près la violence faite aux femmes et le manque d’égalité sexuelle, était celle des hommes qui achètent des services sexuels, généralement aux femmes, i.e. la question de la prostitution.
L’idée la plus importante concernant la question de la prostitution, présentée par la Déclaration, était que l’attention doit être dirigée vers les acheteurs. Il était question d’un changement en perspective, qui peut se résumer par la constatation de l’évidence : s’il n’y avait pas de demande il n’y aurait pas de prostitution.
Le 10 juillet 2008 le Gouvernement a présenté la Communication
Gouvernementale 2007/08 :167, qui était un plan d’action contre la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels. Dans ce plan d’action, le Gouvernement soulignait une fois de plus que la prostitution et la traite des êtres humains ne sont pas acceptables dans notre société et qu’il faut des mesures importantes pour les combattre. Le plan d’action indique que les raisons sousjacentes des personnes impliquées dans la prostitution varient, mais que le premier facteur qui perpétue la traite des êtres humains et la prostitution est la demande, i.e ces personnes, essentiellement des hommes, achètent du sexe. La
traite des êtres humains à buts sexuels concerne surtout les jeunes femmes et filles. On ne connaît pas le degré exact de la traite à des fins d’exploitation sexuelles dans le monde puisque de nombreux cas ne sont pas rapportés, mais on conçoit généralement que la traite représente une des formes les plus profitables du crime organisé international.
Il y a donc un lien très clair entre l’existence de la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels.
Depuis qu’elle a été introduite, l’interdiction de l’achat de services sexuels a provoqué des débats en Suède et sur le plan international. Malgré la position officielle, il y a encore un débat en Suède concernant les opinions sur la prostitution. Ceux qui soutiennent la prostitution avancent qu’il est possible de différencier la prostitution volontaire de la non-volontaire, les adultes devraient avoir le droit de vendre et d’acheter librement du sexe, et que l’interdiction de l’achat de services sexuels représente une position désuète, basée sur un
moralisme sexuel. Toutefois, basée sur l’égalité des sexes et les droits des êtres humains, et sur les objectifs très différents, i.e. ceux des personnes exploitées par la prostitution, et ceux de la demande, i.e. trafiquants, proxénètes et acheteurs de sexe, la distinction entre prostitution volontaire et non volontaire n’est pas pertinente.

Cadre et loi courante, etc. (Chapitre 3)
La question de criminaliser la prostitution a été soulevée en Suède dans les années 1970, liée à des changements sociaux et à une vision modifiée de la sexualité.
L’enquête sur la prostitution de 1977 a donné la plus large étude sur la
prostitution qui mérite d’être mentionnée. Pour éclairer le fait que la prostitution n’est pas une question de femmes mais plutôt un problème humain, l’enquête a choisi d’essayer d’étendre l’idée et a défini la prostitution de la manière suivante. La prostitution a lieu quand au moins deux facteurs, achat et vente de services sexuels en retour pour (généralement) une rémunération financière présentent la condition d’un service sexuel. L’enquête a estimé que la prostitution était incompatible avec l’idée de liberté de l’individu et d’égalité des
sexes qui a longtemps prévalu en Suède. Dans son rapport « La prostitution en Suède, cadre et mesures » (SOU 1981 :71), l’enquête proposait que la prostitution soit exempte de pénalités, mais attirait l’attention sur d’autres solutions sociales et légales pour diminuer la prostitution.
L’enquête sur la prostitution de 1993 utilise le terme « commerce du sexe » pour décrire une activité comprenant au moins deux parties achat et vente de services sexuels dans l’intention de satisfaire les besoins sexuels de l’acheteur. Dans son rapport « Commerce du sexe » (SOU 1995 :15), l’enquête proposait que la prostitution soit criminalisée en introduisant l’interdiction à la fois de l’achat et de la vente de services sexuels. L’enquête considérait que la criminalisation de la prostitution était une étape nécessaire pour faire clairement comprendre que le phénomène de la prostitution n’est pas accepté par la société. La proposition de l’enquête, en particulier l’idée de criminaliser aussi la personne exploitée par la prostitution, a rencontré une critique grandissante et n’a pas été appliquée. Le projet qui amenait éventuellement l’introduction de l’acte prohibant l’achat
de services sexuels (1998 :408) faisait partie de la Déclaration Gouvernementale sur les Violences faites aux Femmes, comme décrit ci-dessus. Le projet était basé sur le rapport de l’enquête sur la prostitution de 1993 et sur le Rapport final de la Commission sur les Violences faites aux Femmes (SOU 1995 :60). Une personne qui obtient une relation sexuelle occasionnelle contre paiement commet le crime d’achat de service sexuel, que l’on trouve maintenant Chapitre
6, Section II du Code Pénal. L’achat de service sexuel une seule fois suffit à la responsabilité de crime. La rémunération peut être sous forme d’argent, mais aussi par des moyens comme l’alcool ou la drogue. Promettre une rémunération de sorte que le paiement soit la condition du service est suffisant pour établir la responsabilité. Un crime est commis même si c’est une autre personne que celle
qui profite du service sexuel qui a remis ou promis la rémunération. Une tentative d’infraction est également passible de peine. Le taux de peine pour achat de services sexuels est une amende ou un emprisonnement de six mois au plus.
Comme pour le crime de traite des êtres humains, l’interdiction d’achat de services sexuels est un instrument important pour prévenir et combattre la traite des êtres humains et pour protéger les personnes qui sont, ou risquent de devenir impliquées dans la prostitution et les autres formes d’exploitation sexuelle. Depuis que la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle est un crime transfrontalier, le combattre demande une coopération internationale. Différentes mesures concernant la prostitution et la traite des êtres humains ont
été adoptées par les Nations-Unies, le Conseil de l’Europe et l’Union
Européenne.
Les travaux pour combattre la prostitution ont longtemps tourné autour
d’initiatives sociales, et les deux précédentes enquêtes ont renforcé la valeur de telles initiatives. A la différence de beaucoup d’autres pays où les efforts portent sur la réduction des dommages, les initiatives visant la prostitution en Suède s’attachent surtout à la combattre en gardant les personnes hors de la prostitution ou en freinant l’achat de sexe.
Un travail considérable est mené à Stockholm, Göteborg et Malmö en direction des personnes exploitées par la prostitution. Les personnes qui se prostituent ont des besoins d’aide complexes, et il faut une connaissance et des compétences spéciales pour entreprendre des initiatives auprès de ces personnes. Travailler dans les milieux de la prostitution implique différents éléments. Cela inclue des
activités d’information sociale, des interviews motivées, différentes formes de thérapie et de support psychologique. On sait peu de choses sur la façon dont les personnes prostituées et victimes de traite des êtres humains sont détectées et aidées dans d’autres régions. Connaître les méthodes les plus efficaces pour les aider est aussi très limité.
Dans son plan d’action contre la prostitution et la traite des êtres humains, le Gouvernement souligne que les initiatives pour combattre la demande de services sexuels sont cruciales pour traiter le problème. Depuis dix ans à peu près, les services sociaux de Stockholm, Göteborg et Malmö ont créé ce que l’on appelle les groupes KAST (acheteurs de services sexuels) pour motiver les acheteurs de sexe potentiels et actifs à changer leur comportement. Différentes mesures préventives sont nécessaires pour éviter aux personnes prévenues de tomber dans la prostitution. Ont une importance particulière les
initiatives concernant les personnes particulièrement sensibles, i.e. les enfants et les jeunes. Les groupes professionnels en contact avec les jeunes à risque de tomber dans la prostitution doivent développer leur capacité à voir les signaux et accroître leurs compétences pour pouvoir traiter ces questions de la meilleure manière possible.

Prostitution en Suède 1999-2008 et comparaison avec la situation dans d’autres pays (Chapitres 4 et 5)
Évaluer les effets de l’interdiction de l’achat de services sexuels s’avère une tâche difficile. La prostitution et la traite des êtres humains à des fins sexuelles sont un phénomène social complexe à multiples facettes qui s’opère en partie secrètement. Le progrès de l’internationalisation et Internet comme nouveau terrain pour la prostitution rendent également difficile d’estimer son étendue.
Bien qu’il y ait de nombreux rapports, articles et essais sur ce phénomène, connaître l’importance de la prostitution et de la traite des êtres humains à buts sexuels est par conséquent limité. Cela s’applique particulièrement au cas de personnes prostituées dans d’autres sphères que le racolage de rue et Internet, et dans le cas de prostitution en dehors des zones urbaines. Dans l’ensemble, la « prostitution » fait traditionnellement référence à la prostitution hétérosexuelle, avec les femmes procurant le service sexuel et les
hommes l’achetant. Les mesures appliquées et la connaissance acquise sont largement basées sur cet aspect coutumier. Par conséquent, nous ne savons pas grand-chose des hommes qui fournissent les services sexuels et sur les jeunes qui sont exploités par la prostitution. Les acheteurs de services sexuels sont toujours plutôt invisibles bien que la volonté politique ait souhaité déplacer l’objectif.
Les études empiriques qui ont été menées ont eu, dans quelques cas une portée limitée, et différents travaux de procédures, de méthodes et de buts ont été utilisés. En regard de ces facteurs et d’autres, il y a parfois des raisons d’interpréter les résultats avec précaution. Toutefois, en dépit de ces réserves, nous considérons qu’il est possible de tirer des conclusions basées sur le matériau auquel nous avons eu accès, et les résultats que nous présentons sur cette base donnent, à notre avis, une image aussi claire qu’il soit possible d’en donner.















La prostitution de rue a diminué de moitié
On considère que les données disponibles sur l’importance et l’étendue de la prostitution de rue décrivent les conditions réelles. Depuis le début de l’interdiction d’achat de services sexuels, la prostitution de rue en Suède a diminué de moitié. Cette réduction peut être considérée comme le résultat direct de la criminalisation des achats de sexe.
Dans une comparaison, nous avons noté que la fréquence de la prostitution de rue était à peu près la même dans les trois capitales de Norvège, Danemark et Suède avant que l’interdiction d’achat de services sexuels ne soit introduite ici, mais le nombre de femmes dans la prostitution de rue en Norvège et au Danemark a augmenté de façon dramatique. En 2008, on estimait que le nombre de personnes dans la prostitution de rue en Norvège et au Danemark était le
triple de celle en Suède. Au regard des grandes similitudes qui existent sous maints aspects dans ces trois pays, économiquement et socialement, il est raisonnable de penser que la diminution de la prostitution de rue en Suède est le résultat direct de la criminalisation. Cette présomption est soutenue par le fait que, selon une étude de la Municipalité de Bergen, une diminution immédiate et spectaculaire de la prostitution de rue est survenue lorsque, le 1er janvier 2009, la
Norvège est devenue le deuxième pays après la Suède à introduire une prohibition générale de l’achat de services sexuels.
Le nombre de femmes étrangères dans la prostitution de rue a augmenté dans tous les pays nordiques, y compris la Suède. Toutefois, en comparaison on peut noter que le nombre dramatiquement croissant d’étrangères dans la prostitution
de rue rapporté par le Danemark et la Norvège n’a pas de parallèle en Suède.

Internet – une nouvelle arène
La prostitution dont le premier contact est pris par Internet est un terrain important et croissant de la prostitution et a reçu une attention soutenue ces dernières années. Comparée à la prostitution de rue, l’étendue de la prostitution par Internet est plus difficile à vérifier et à évaluer, mais on en connaît progressivement de plus en plus sur cette forme de prostitution.
Depuis cinq ans, la prostitution par Internet a augmenté en Suède, Danemark et Norvège. Cependant, l’étendue de cette forme de prostitution s’accroit davantage dans nos pays voisins, et rien n’indique une plus grande progression de cette forme de prostitution en Suède que dans ces pays comparables. Cela indique que l’interdiction n’a pas déplacé la prostitution de rue en Suède sur Internet. A cet égard on pourrait conclure que la diminution de moitié de la prostitution de rue qui a eu lieu en Suède représente une réelle diminution de la
prostitution ici, et que cette diminution est aussi et surtout le résultat de la criminalisation d’achat de sexe.
Internet joue un rôle important spécialement auprès des jeunes dans la
prostitution. Le Conseil National à la Jeunesse conclue que la plupart des jeunes exploités sexuellement contre paiement sont entrés en contact avec l’acheteur via Internet. Les résultats d’autres investigations d’enquêtes qui ont examiné les expériences des jeunes à vendre des services sexuels confirment cette conclusion. L’interdiction d’achat de services sexuels n’a pas eu d’effet sur le
risque de jeunes sur Internet. Toutefois, les risques d’exploitation sexuelle, et l’abus que cette exposition entraîne accroit la nécessité de protéger les jeunes de tomber dans la prostitution.

Pas d’augmentation globale de la prostitution en Suède
Rien n’indique que l’étendue de la prostitution close qui n’est pas
commercialisée par des annonces de magazines et sur Internet, e.g. la
prostitution en salons de massage, les sex clubs et les hôtels, et dans le cadre des restaurants et des boîtes de nuit, ait augmenté ces dernières années. Il n’y a pas non plus d’information qui suggère que les prostituées exploitées auparavant dans les rues soient maintenant impliquées dans la prostitution close.
Les personnes qui travaillent sur le terrain ne considèrent pas qu’il y ait eu augmentation de la prostitution depuis l’introduction de l’interdiction. Puisque les personnes impliquées dans les activités de prostitution ont un absolu besoin de se faire connaître pour entrer en contact avec les clients, il est improbable que la prostitution puisse exister sur une grande échelle et demeurer entièrement cachée.
L’image d’ensemble que nous avons obtenue est que, alors qu’il y a eu
augmentation de la prostitution dans nos pays voisins nordiques cette dernière décennie, autant que nous puissions voir, la prostitution n’a au moins pas augmenté en Suède. Il peut y avoir plusieurs explications à cela mais, étant donné les grandes similitudes à tous égards entre les pays nordiques, il est raisonnable de penser que la prostitution aurait également progressé en Suède si nous n’avions pas eu d’interdiction d’achat de services sexuels. La criminalisation a donc aidé à combattre la prostitution.

L’interdiction d’achat de services sexuels a contrecarré l’établissement du crime organisé
La traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle est une forme en expansion de l’économie du crime dans de nombreuses parties du monde. Bien qu’il soit difficile d’évaluer l’exacte étendue de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, en Suède on considère l’établissement de cette sorte de crime d’une étendue considérablement moindre que dans d’autres pays comparables. Selon la Police Criminelle Nationale, il est clair que l’interdiction d’achats de services sexuels agit comme une barrière à la traite et aux proxénètes qui envisagent de s’établir eux-mêmes en Suède.

Soutien grandissant du public à l’interdiction
L’interdiction de l’achat de services sexuels visait à établir que le point de vue de la société est que la prostitution est un phénomène indésirable. Pour jauger l’opinion publique suédoise en ce qui concerne l’achat de sexe, des sondages ont été faits avant et après l’introduction de la criminalisation. Selon les résultats basés sur quatre sondages sur l’opinion de la population, il y a eu un changement d’attitude sur l’achat de services sexuels qui coïncide avec la
criminalisation de l’achat de tels services. On doit interpréter le changement d’esprit notable survenu ici – sans équivalent au Norvège et au Danemark – comme signifiant que l’interdiction elle-même a eu un effet normatif réel qui, étant donné que le soutien à la criminalisation est plus grand parmi les jeunes, il devrait durer. Les trois sondages réalisés depuis l’interdiction montrent que plus de 70% des personnes interrogées ont un avis favorable sur l’interdiction.

Influences de l’interdiction sur les prostituées
Quand l’interdiction d’achat de services sexuels a été introduite, different doutes ont été émis. Dont la crainte que la criminalisation mène à la prostitution clandestine, rendant plus difficile d’atteindre les personnes vulnérables concernées par les mesures sociales, que les risques d’abus physiques ne croissent et que les conditions de vie en général des prostituées n’empirent.
Autant que nous puissions en juger d’après les écrits et les contacts que nous avons avec les responsables et les personnes prostituées, ces craintes ne se sont pas réalisées.
Les officiers de police et les travailleurs sociaux rapportent que les acheteurs de services sexuels sont devenus plus prudents et que l’interdiction a amené une diminution de la demande, au moins pour la prostitution de rue, comme un résultat de la criminalisation. Selon la police, les acheteurs ont peur d’être pris, mais sont plus concernés par le fait que le crime dont on les suspecte soit connu de la famille et des relations plutôt que des peines qu’ils encourent. L’impression que les acheteurs sont devenus plus prudents est partagée par une partie des
actuelles et anciennes prostituées qui ont répondu aux questions de l’enquête, tandis que d’autres ont rapporté que la criminalisation n’avait pas affecté les acheteurs parce que peu sont pris et les peines légères.
Selon les sondages menés en Suède dans la période qui a suivi la
criminalisation, la proportion des hommes rapportant qu’ils ont à l’occasion, acheté des services sexuels a diminué, et il semblerait que moins d’hommes achètent des services sexuels en Suède que dans les autres pays nordiques. Dans un sondage mené en 2008, une partie de ceux interrogés ont aussi rapporté que l’interdiction avait restreint leurs actes au point qu’ils n’achetaient plus de services sexuels. L’un dans l’autre, on doit interpréter ce qui précède comme voulant dire que l’interdiction a un effet dissuasif sur les éventuels acheteurs de
services sexuels.
Il est clair, et il semble logique, que les personnes qui se sont sorties de la prostitution aient un regard positif sur la criminalisation, tandis que celles qui sont encore exploitées dans la prostitution critiquent l’interdiction. Cet exemple se reflète dans différents rapports et se confirme par les contacts que l’enquête a eus avec des femmes qui ont fait l’expérience de la prostitution.

Application de l’interdiction 1999-2008 (Chapitre 6)
Depuis que l’interdiction a été introduite, la police a dirigé des opérations spéciales contre la prostitution en de maintes occasions. La majorité des recherches et opérations contre la prostitution- en tant que crime a été, et continue d’être, menée par les différents groupes spéciaux que l’on a instaurés durant cette période à Stockholm, Göteborg et Malmö, et par la Police Criminelle Nationale. Les opérations ont surtout visé la prostitution de rue et d’autres formes plus organisées de prostitution liées au proxénétisme ou à la traite des êtres humains.
La police n’a pas normalement donné la priorité ou eu des ressources pour intervenir contre l’achat de services sexuels dans d’autres formes de prostitution.
La police considère la prostitution de rue comme ayant une grande valeur symbolique aux yeux du public, et le cadre de la rue sert aussi au commerce d’autres formes de prostitution. Les officiers de police avec lesquels l’enquête a été en contact pensent que les opérations contre la prostitution de rue ont un effet immédiat en terme de prévention sur les éventuels acheteurs de services sexuels, mais croient aussi que de telles opérations ont un effet à plus long terme
pour dissuader et limiter le nombre d’autres promoteurs et organisateurs de prostitution.
La majorité des poursuites pour violation de l’interdiction sont des cas où l’acheteur de services sexuels a pris le premier contact dans le cadre de la rue.
Une nouvelle disposition pénale, la traite des êtres humains à buts sexuels, est entrée en application le 1er juillet 2002, et depuis 2003 il y a eu une augmentation spectaculaire du nombre de poursuites pour violation de l’interdiction d’achat de services sexuels, cas qui viennent du proxénétisme et de la traite des êtres humains. L’importance de ces cas varie grandement d’une année à l’autre, en fonction des ressources investies et des priorités prises par la police, en particulier.
Il est clair que le contrôle de l’application de l’interdiction dépende largement des priorités prises par la police et des ressources disponibles. Selon les officiers de police et les procureurs avec lesquels l’enquête s’est entretenue, un bien plus grand nombre d’acheteurs de services sexuels pourrait être poursuivi si la priorité avait été donnée à ce type de crime dans les activités quotidiennes. Une raison pour laquelle la priorité n’a pas été donnée aux crimes d’achat de sexe est la peine minime pour ce type de crime.
Huit sur dix des cas où les acheteurs de services sexuels sont poursuivis impliquent des situations où le crime a été reconnu. Cela s’applique à la prostitution de rue et à d’autres formes de prostitution. Quand les suspects reconnaissent le crime, le procureur n’engage généralement pas de procédures légales ; à la place une amende sommaire est infligée au suspect d’achat de services sexuels. La majorité des crimes poursuivis ont été commis dans la zone des trois grandes villes. Tous ceux qui ont été poursuivis entre 1999 et 2008 sont des hommes, d’un âge moyen de 43 ans. Ils ont pour la plupart payé les services sexuels en liquide.
Notre bilan des jugements et des amendes sommaires infligées durant la période étudiée montre une grande uniformité en terme d’évaluation de la valeur pénale et du choix de la peine. Depuis que la Cour Suprême a examiné la question de culpabilité dans le cas d’achat de services sexuels en 2001 (NJA 2001, p.527), plus de 85% des poursuites de cas individuels pour de tels achats ont abouti à une peine de « 50 jours d’amende ». Le crime est généralement rapporté plutôt sommairement, et les jugements contiennent rarement des circonstances atténuantes ou aggravantes associées au crime.
Quand l’interdiction a été introduite, certains ont craint qu’il soit difficile de contrôler la conformité à l’interdiction, de définir et de prouver l’acte criminel.
Cependant, notre étude sur l’application de l’interdiction montre que, après une période initiale un peu incertaine, les officiers de police et procureurs considèrent qu’en général la disposition fonctionne bien. Les procureurs avec lesquels l’enquête s’est entretenue ont déclaré qu’ils ne voyaient pas maintenant de problèmes dans l’application directement liés à la disposition pénale. Les crimes d’achat de sexe sont généralement considérés comme faciles à examiner et sans complications de procédure. Il peut y avoir d’éventuels problèmes, mais presque la moitié des crimes rapportés est liée à une personne, cela voulant dire que la décision a été prise soit pour induire une inculpation, infliger une amende sommaire ou accorder l’abandon des poursuites. Ceci est le double du nombre rapporté d’autres crimes sexuels.
Les incertitudes demeurent dans l’application de la disposition à savoir si la personne exploitée doit être considérée comme témoin ou victime au tribunal, et le moment auquel une tentative de crime a été commise. Il est difficile de prouver des tentatives de crimes, avec pour résultat que, en rapport avec la prostitution de rue, la police attende délibérément que l’acte sexuel ait commencé pour intervenir, et le crime est alors entièrement commis.

Délibérations et propositions (Chapitre 7)
Notre évaluation montre que l’interdiction d’achat de services sexuels a eu l’effet attendu et est un instrument important de prévention et de combat contre la prostitution.

Un travail social continu et soutenu est nécessaire
La criminalisation ne peut jamais être autre chose qu’un supplément à d’autres efforts pour combattre la prostitution. Il est donc nécessaire d’assurer un travail social continu et soutenu pour prévenir et combattre la prostitution et la traite des être humains à buts sexuels. Il est important d’accroître les mesures en direction des acheteurs de services sexuels. Il faut davantage de recherche sur l’acheteur de services sexuels, et des méthodes de traitement appropriées. Il est
également important d’aider les enfants et les jeunes qui risquent de tomber dans la prostitution et de continuer les initiatives d’information pour influencer l’opinion publique dans ce domaine. Les groupes professionnels qui travaillent à ces questions doivent avoir accès à une plus grande connaissance pour pouvoir offrir aux personnes vulnérables une aide et un soutien adéquats. L’enquête ne présente aucunes propositions spécifiques dans ce domaine, mais attire l’attention –et insiste particulièrement – sur la valeur et la nécessité de
poursuivre et de soutenir les mesures sociales.

Il faudrait créer un centre national contre la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels
Au cours de notre travail, nous avons établi qu’il y avait une quantité presqueincroyablement grande d’information disponible sous forme de  rapports, articles et essais produits à la fois par les organismes gouvernementaux et par les chercheurs, contenant des éléments et des discussions liés à la prostitution et à la traite. Une importante conclusion que nous en avons tirée est que, malgré le grand intérêt pour cette question, il y a un manque de suivi continu et de
connaissance méthodique de ces phénomènes. Le savoir disponible est difficile à saisir et, en partie, difficile à évaluer, et adapté aux objectifs et perspective des bureaux et organisations concernés.
Cela rend impossible de tirer des évaluations et des comparaisons entièrement fiables des connaissances acquises. Cela gêne les efforts faits pour constituer la formation, le développement des méthodes et les initiatives de soutien nécessaires pour combattre la prostitution et la traite des êtres humains à buts sexuels aussi efficacement que possible. Il est nécessaire de créer de meilleures conditions de coordination, de suivi et de présentation des connaissances pour
l’avenir, afin d’utiliser le savoir actuel et acquérir de nouvelles connaissances disponibles à toute personne ayant qualité pour travailler sur ces questions.
Nous proposons donc d’instaurer un centre national contre la prostitution et la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.

La peine maximum pour achat de services sexuels devrait être augmentée
A notre avis, les variations entre les différents crimes d’achat de sexe sont loin d’être prises en compte quand on décide d’une peine. Selon la révision de la pratique courante entreprise par l’enquête, il est clair que dans certains cas il faille un examen plus sérieux du crime qu’il n’a été fait dans la pratique. Des exemples de ces cas incluent l’exploitation d’une personne à problème psychiatrique, le contact pris par un tiers ou par un prestataire de service, l’exploitation d’une personne pendant des heures par plusieurs acheteurs ou l’exploitation d’une personne jeune ou droguée. A notre avis, le niveau actuel des peines pour certains crimes d’achat sexuel n’est pas proportionné à
l’ampleur du crime. Il faut pouvoir nuancer davantage l’estimation de plus de cas sérieux de crime d’achat de services sexuels qu’il soit possible dans la gamme de peines actuelle. Nous proposons donc que la peine maximum pour l’achat de services sexuels soit relevée de six mois d’emprisonnement à un an.

La personne exploitée par la prostitution doit normalement être considérée comme la victime
Aucune législation ni doctrine légale n’offre une réponse claire à la question de savoir qui doit être considéré comme la victime. Selon notre estimation, rien n’empêche une personne qui a été exploitée par la prostitution d’avoir le statut de victime dans les procédures concernant l’achat de services sexuels. Il faudrait entreprendre un examen dans chaque cas pour déterminer si la personne qui procure le service sexuel est tellement affectée par le crime que lui ou elle
devrait être confié(e) à l’action de la fonction publique pour engager une plainte pénale.

La question de savoir où situer la tentative de crimes devrait être résolue lors de l’application de la loi
La question du moment où le crime d’achat de services sexuels commence a été débattue, et engendre certains problèmes pour son application dans la pratique.
A notre avis, les problèmes décrits par les officiers de police et les procureurs quant à l’application pour le crime d’achat de services sexuels ne diffèrent pas fondamentalement de ceux rencontrés pour d’autres types de crime. Il n’aurait guère été possible, à chacun d’apprécier, d’essayer de fixer précisément et légalement le moment où la tentative de crime a été commise. Les problèmes rencontrés devraient être regardés comme sujets à interprétation et application,
non à législation. Pas plus que les problèmes éventuels comme justifier les amendements législatifs proposés ou d’autres mesures.

Il faut étendre la portée de l’application de l’interdiction aux crimes commis à l’étranger, sans dévier de la nécessité de double criminalité.
Nous pensons qu’il faut étendre les possibilités de poursuivre en Suède les crimes d’achat de sexe commis à l’étranger, surtout avec l’objectif qu’il serait possible d’appliquer l’interdiction suédoise dans les cas où une personne représentant des intérêts publics suédois achèterait des services sexuels à l’étranger. La question de l’applicabilité de l’interdiction pour crimes commis à l’étranger n’a pas été abordée en détail dans le travail préparatoire sur lequel est
basée l’interdiction. Maintenant que le crime est inscrit dans la section 6 du Code Pénal Suédois, il est raisonnable de le considérer comme applicable partout et non limité aux crimes commis en Suède. Maintenant que l’interdiction est applicable partout, il n’y a pas de limites nationales ou territoriales à son applicabilité. Toutefois, cette conclusion ne signifie pas que les Cours suédoises aient la compétence pour juger le crime. La compétence pour juger les crimes
commis hors de la Suède est normalement conditionnée à la double criminalité. La majorité des pays n’ont pas d’interdiction d’achat de services sexuels équivalente à celle qui sévit en Suède, il n’y a pas non plus de consensus international sur les méthodes qui devraient être utilisées pour combattre la prostitution. Permettre que l’achat de services sexuels soit une exception de l’exigence de double criminalité pour la juridiction pénale suédoise impliquerait une nette atteinte aux principes d’introduction d’exigence générale de doublé criminalité pour poursuivre un crime commis dans un autre pays. Une exception de cette sorte ne pourrait être basée sur un consensus international de la nature du crime ou de la perception du crime particulièrement grave. Il ne pourrait être justifié non plus par le motif de protéger l’intérêt suédois public ou privé. A cet égard, nous avons jugé impossible de proposer que l’exigence de doublé criminalité soit supprimée pour le crime d’achat de services sexuels.




martes, 28 de mayo de 2013

La prostitución en el cine: una historia de agitación y propaganda



La prostitución en el cine: una historia de agitación y propaganda 1
Pilar Aguilar, ensayista y crítica de cine.

Prisioneras entre muros cambiantes. A menudo, cuando pienso en la situación de las mujeres, me vienen a la mente esas palabras de Cernuda2 (aunque, como pueden figurarse, él no las decía refiriéndose a nosotras). Hemos derribado en muy poco tiempo enormes y variados muros: legales, mentales, espaciales, profesionales… pero comprobamos que algunos se vuelven a reconstruir un poco más allá, con otra forma y con otros materiales. No estoy negando nuestros enormes avances –pues hacerlo equivaldría a olvidar los velos, ataduras, prohibiciones, sometimientos en los que vivíamos no hace tanto– pero forzoso es constatar que seguimos prisioneras entre muros cambiantes, algunos de los cuales parecen inamovibles.

Descorazona ver cómo continúan los asesinatos de mujeres, cómo la violencia y las agresiones no cesan, como caen redes de pedófilos (lo cual significa que se renuevan constantemente), cómo la prostitución sigue pujante, moviendo millones de euros y gozando del beneplácito y complacencia de buena parte de la opinión pública.

Puesto que nadie medianamente coherente ignora que somos seres construidos, preciso es preguntarse por los mecanismos que fabrican el caldo de cultivo necesario para que pervivan y se reproduzcan tantas y tales tropelías y salvajadas. El patriarcado sigue vivo y en él se cimenta una estructura simbólica y un universo imaginario que educan en el convencimiento de que las mujeres somos seres de menor cuantía, seres al servicio del varón. A su servicio en todos los sentidos: desde la comida hasta la cama, desde el nacimiento hasta la muerte (incluida la muerte por asesinato).

¿Y cuál es el papel del relato de ficción audiovisual en todo esto? Fundamental. En primer lugar por la importancia que tiene en nuestro mundo. Recordemos las casi cuatro horas de televisión que consumimos la día (y la televisión no es la única pantalla que ocupa nuestra vida). Pero su trascendencia no radica solamente en el tiempo que le concedemos sino en la influencia que sobre nosotros ejerce. Basta con que los medios aireen cualquier acontecimiento, personaje o fenómeno para que cobre una importancia desmesurada, sin relación directa con su valor o con su incidencia real en nuestras vidas. Si le conceden importancia a un asunto, sabemos que nos van arrastrar en esa espiral de “interés”. E inversamente, lo que los medios audiovisuales silencian u ocultan no existe. Comparemos la mortalidad de la gripe aviar o la gripe NH1N1 con la que ocasiona la malaria, por ejemplo y comparemos el lugar mental y emocional que ambas enfermedades han ocupado en nuestro mundo. Pues igual ocurre con todo.

No podemos olvidar, además, que los relatos mediáticos en general y los audiovisuales en particular no se limitan a mostrar.
Forzosamente (al margen incluso de cuáles sean las intenciones explicitas y conscientes de sus creadores) generan un punto de vista, una posición moral, simbólica y emocional sobre lo que muestran (o sobre lo que silencian). Y, por último, hemos de tener en cuenta que el lenguaje audiovisual goza de una enorme capacidad para situarnos en el lugar de la representación, para construir puntos de vista, para asignarnos un determinado lugar en el mundo creado. Son, por lo tanto, potentes artefactos de educación sentimental.
En cualquier caso, el impacto que en nosotros produce un relato, su capacidad para condicionar nuestra manera de ser y estar en el mundo, nada tiene que ver con el hecho de que sea verdad o mentira, ficción o realidad (esto de “realidad” hay que ponerlo entre comillas pues no se debe confundir lo real con la realidad que, siempre, es una construcción humana).
Lo que importa de un relato es su poder, su capacidad para ser fuente de realidad. Pensar: “Bah, es sólo cine, entretenimiento.
Sabemos poner las cosas en su sitio y distinguir”… resulta de una nefasta ingenuidad. Comparen el impacto que puede tener a la hora de enfrentarnos a nuestros miedos, nuestras esperanzas, nuestros deseos, cualquier film fantasioso (tipo Crepúsculo, Matrix, Spiderman y otros Supermanes, elfos o trasgos) con esta verdad: un triángulo equilátero tiene tres lados iguales.

Pues bien, en el 90% de las ficciones que llegan a nuestras pantallas, el protagonismo está acaparado por figuras masculinas. De modo que el primer mensaje que nos lanzan es éste: los varones son los seres que importan, los que de verdad encarnan el significado de lo humano.

Fíjense lo mal que suena lo anterior si lo verbalizamos. En efecto, gracias a nuestra lucha, hemos conseguido –y en pocos años– que un aserto de ese calibre nos parezca brutal y lo rechacemos.
Los mensajes audiovisuales son actualmente mucho más brutales y, sin embargo, ante ellos nuestra capacidad crítica se muestra adormecida pues nos fallan los filtros racionales. No nos parece que “digan” nada o que digan las barbaridades que dicen. Y es que, más que decirlo, lo que hacen es darlo por hecho, crear un mundo donde “naturalmente” las cosas son así. Y por ello resultan tan eficaces.

Al centrar masivamente las historias en los varones, el relato audiovisual socialmente compartido nos predica que los varones saben, descubren, resuelven, van, vienen, hablan, actúan, se interrelacionan. En torno a ellos se organiza la trama. El espacio y el tiempo se segmentan según sus necesidades. El mundo les pertenece. Inversamente, niega a las mujeres el estatuto de sujetos. Les asigna el rol de seres vicarios, de menor cuantía, que existen en función de otros seres, los verdaderos protagonistas. Las mujeres quedan reducidas a una peripecia más de las que conforman la gran aventura viril. Aparecen cuando los varones tienen que vivir el capítulo erótico–amoroso. Son un parque temático al que el varón acude a solazarse.

A menudo la verdadera pasión, la verdadera historia, el núcleo significativo, lo que importa discurre exclusivamente entre varones. Varones guapos o feos, buenos o malos, cobardes o valientes, pacificadores o guerreros, divertidos o siniestros… Todo tipo de seres que pueblan un mundo siempre masculino en que los personajes femeninos son anecdóticos y marginales. Pensemos en ISI&DISI, en La guerra de las galaxias, en Días del fútbol, en El señor de los anillos, en Náufrago, en Mortadelo y Filemón, en Invictus, Celda 211, y un largo etcétera.

En definitiva, lo que importa, los verdaderos deseos -para bien y para mal- discurren entre hombres. Pero, cosa extraña, el deseo sexual se vive, sin embargo, con mujeres. Esta loca dicotomía tiene nefastas consecuencias. Crea una actitud neurótica y agresiva en el varón. En efecto, sentirse atraído por alguien que no merece tu estima genera irritación. Forzosamente se vive como una debilidad insoportable: “¿Cómo es posible que este ser de menor cuantía tenga un poder sobre mí?”.  

   
Mujer objeto. Laura Cabrera. 2008


Una masculinidad agresiva, misógina y homófoba 

Esta construcción del mundo ficcional como un mundo de hombres donde sólo ellos importan y donde las mujeres no significan nada llega, a veces, a extremos delirantes. Así en El sargento de hierro (Clint Eastwood, 1986). Clint Eastwood interpreta a Tom Highway, sargento de artillería del cuerpo de Marines y veterano condecorado de varias guerras incluida la de Vietnam. La película nos lo muestra como soldado heroico, valiente, invencible en las peleas, honesto, exigente con los soldados y “simpáticamente” borrachín, pendenciero, asocial, machista, agresivo y arbitrario. Estos atributos son presentados en el film como positivos o, al menos como justificados. Así, por ejemplo, el excesivo consumo de alcohol se construye como un complaciente y festivo rasgo de virilidad. Igual ocurre con sus pendencias y agresividad pues tanto unas como otra aparecen emocionalmente respaldadas por el relato y, además, todos los personajes que le reprochan tales conductas son pusilánimes, antipáticos o cobardes cuando no una mezcla de la tres cosas.

Analicemos cómo empieza el film. Como telón de fondo a los títulos de crédito, vemos imágenes de varias acciones de combate donde intervienen marines. Esas imágenes se complementan con otras que nos muestran a soldados heridos ayudados de diversas maneras por sus compañeros. Las escenas, de marcado tono documental, están en blanco y negro y son presentadas como pertenecientes a guerras de la segunda mitad del pasado siglo donde han intervenidos tropas americanas. Su objetivo es familiarizarnos con el pasado heroico del protagonista. La secuencia que nos interesa es la inmediatamente posterior a la que acabo de evocar. Es la primera del relato propiamente dicho y sirve para presentarnos al protagonista. Antes de hacerse visualmente presente, su voz ya ocupa el espacio narrativo, es, pues, el dueño del relato. ¿Y qué nos cuenta? Pues sus andanzas por los prostíbulos del Vietnam. Sexo y ejército. Pero mientras que el ejército es una razón de ser, un constituyente esencial, el marco estructural –físico y mental– en el que se desarrolla el film, las mujeres no pintan nada. Son sólo agujeros: “Había una que tenía un chocho que era una maravilla”. Y cuando –en contadas ocasiones en el trascurso de la película– se hace referencia a mujeres que no son prostitutas se señala bien la necesidad de que estén convenientemente acantonadas en una esfera que no se mezcle con la viril. Un hombre de verdad no puede, por ejemplo, contarle sus andanzas a su “Mami”. Si lo hace, queda ridiculizado por débil y aniñado. Y su debilidad tiene desagradables consecuencias: fastidia ese maravilloso plan de “follar” sin descanso. Así, la “Mami” se lo cuenta a su vez a un congresista. Como el congresista es un “maricón que tiene el culo tan dado de sí que…” etc. etc. a los soldados se les prohíbe frecuentar los burdeles. Si nos fiamos de lo que nos enseña el cine, el cuerpo de marines es disciplinado hasta lo absurdo. Cientos de filmes nos muestran que deben obedecer órdenes por salvajes e irracionales que sean. Salvo, claro está, si lo que se les dice es que no vayan de “putas”. Entonces, por el contrario, han de ser “graciosamente insubordinados” y redoblar sus visitas a los prostíbulos. No quiero caer en la prolijidad de contar la escena pero sí es preciso resaltar que en la pelea que se desata a continuación (contra un “malo” que casualmente es feo, gordo y hortera), ambos se acusan una y otra vez de ser maricones. Asombra tanta obsesión. Ahora bien, viendo la película observamos que toda ella se desarrolla entre hombres. Acaparan el espacio visual y narrativo. Son los que importan, los que se entienden para bien o para mal, unos y otros, los que se ayudan o se oponen. Sospechamos que ante tal borrado sistemático de las mujeres los varones –consciente o inconscientemente– se dan cuenta de que esa obsesión monotemática por el mundo masculino, puede resultar “sospechosa” y se curan en salud remachando de manera terca: “Maricón tú, no yo, yo follo sin parar con mujeres”. ¿Mujeres? Y aquí volvemos a lo que dijimos antes: no son mujeres, son agujeros o incordios (madre y ex esposa).

¿Qué mundo es este que nos construye la ficción audiovisual? ¿qué educación nos trasmite y, sobre todo, les trasmite a los varones? Yo personalmente estoy convencida de que para hacer avanzar el feminismo habría que actuar en la educación emocional de los y las jóvenes. Proyectar esta escena en clase y analizarla para ver qué tipo de masculinidad se propone, poniendo de manifiesto su brutalidad en general y su misoginia en particular.


Una mirada que prostituye a las mujeres     

Como dije en otro lugar3 “Josep Vicent Marqués señaló4 que: “La paradoja de la heterosexualidad del varón está en que no le gustan las mujeres como personas”. Desear y despreciar al tiempo es una locura y constituye fuente importante de agresividad masculina hacia las mujeres pues resulta humillante sentirse ligado –es decir, “debilitado”– por el deseo hacia quien no te merece interés alguno, hacia quien consideras un ser de menor cuantía, marginal y, por lo tanto, despreciable.

O mejor dicho, cuyo único interés reside en su cuerpo. En efecto, cuando se analizan las representaciones gráficas, visuales y audiovisuales que se hacen de las mujeres se comprueba que se las construye como cuerpos deseables y poco más. Cuerpos en su materialidad más alicorta, cuerpos que no encarnan ningún otro significado, cuerpos que se agotan en sí mismos”.

Así se explica la representación recurrentemente fragmentada del cuerpo femenino. No volveré sobre ello puesto que ya otras publicaciones me detuve en examinar este procedimiento de la
construcción de la mujer como espectáculo5. Aquí sólo quiero recordar que tal segmentación reduce el cuerpo femenino a una colección de partes clasificadas en función del placer voyeurista
masculino, destruyendo así la individualidad de las mujeres. Ese tipo de mostración rompe la dinámica del relato, no se inserta en ninguna necesidad dramática, ni hace avanzar la historia, ni explica nada. Su mensaje está dirigido a la más ramplona y tópica configuración del deseo masculino heterosexual: “Aquí tienes unos minutitos de regalo para que disfrutes viendo nalgas, pechos, muslos, boca. Sí, claro, pertenecen a una mujer pero lo que nos importa no es ella, sino estos apetitosos trozos de su cuerpo”. Como quien va a una carnicería a comprar chuletas de cordero para su posterior consumo. Así, y como analicé en otro lugar6, en Pretty woman (Garry Marshall, 1990) al finalizar la presentación del protagonista masculino, sabemos muchas cosas sobre él: es inteligente, poderoso, culto, arrasador e irresistible. Los hombres lo admiran y lo buscan para hacer negocios con él; las mujeres quisieran ser su “elegida”. Hasta sabemos quién es su abogado, su chófer, una de sus ex novias; sabemos que se acaba de morir su padre… Al terminar la presentación de ella sólo sabemos que está formada por el ensamblaje de una impresionante colección de partes eróticas, que no tiene para pagar el alquiler porque gana poco y su única amiga lo dilapida. Él es un individuo completo, ella es un cuerpo fragmentado.

Por decirlo con pocas palabras: al imaginario masculino más tópico no le importan las mujeres como personas (aunque pueda usarlas). Por eso su mirada sobre ellas es una mirada que las cosifica, que las convierte en meros receptáculos del placer ajeno, una mirada que no las ve y cuyo único objetivo es complacer al varón. Una mirada que las construye, en suma, como seres prostituidos. En consecuencia, el deseo masculino no requiere reciprocidad para realizarse. O, si se quiere formular de otra manera, diremos que el deseo femenino sólo puede expresarse en una
formulación pasiva: ser deseada por el dueño del deseo. Si el dueño del deseo nos desea, ya vamos bien servidas y si, además, paga ¿qué más podemos querer?
 
mujer objeto
Por otra parte, la aparición de personajes de mujeres que ejercen explícitamente la prostitución u otras variantes asimiladas (strip tease, por ejemplo) es abundantísima. En el análisis que realicé para mi libro Mujer, amor y sexo en el cine español de los 90 (anteriormente citado) comprobé que había muchos más personajes femeninos que se dedicaban a la prostitución o similares que a cualquier otra ocupación. En otro trabajo recientemente publicado7 he vuelto a comprobar que, en los 26 filmes españoles más vistos entre 2000 y 2006 dirigidos por varones, el 30,8% de incluyen personajes “que van de putas”.

La consideración de que el cuerpo de las mujeres es una mercancía cuya compra-venta no tiene trascendencia y puede formar parte de las transacciones rutinarias entre varones está muy naturalizada en el cine. Así en El penalti más largo del mundo (García Santiago, 2005) el protagonista, portero de un equipo de barrio, debe parar un penalti. Para conseguirlo, ha de estar centrado, relajado y contento. Ahora bien, él anda un poco intranquilo y descentrado porque le gusta una chica y ésta no le corresponde. Todos los amigos intentan que la situación cambie. Si la chica no lo quiere, pues nada, que se acueste con él a cambio de algo. Es el propio padre de la chica quien intenta convencerla y le promete un vestido si accede. Ya comprendemos que es mucho más importante un penalti que el cuerpo de una mujer.

La prostitución como desenfreno sexual… femenino

Como hemos señalado, la cosificación, la anulación del sujeto femenino en tanto que ser humano, lo construye como ser prostituido al servicio del placer varonil. Además, la representación audiovisual mayoritaria elude el deseo de las mujeres que, o no importa o coincide maravillosamente con el deseo masculino. Ser deseada por el dueño del deseo, esa es la meta.

El relato escenifica de las más diversas maneras este supuesto. A menudo se disfraza de feliz coincidencia: a las mujeres –y ya desde chiquititas– les gusta hacerle a los hombres lo que a ellos
también les gusta. Por ejemplo, en el corto La concejala antropófaga (que es un montaje más extenso de una escena de la película Los abrazos rotos, de P. Almodóvar,) se ilustra el entusiasmo
de la tal concejala por la felación: cuenta con gran énfasis lo que le gusta “chupar pollas” (y pies, ese es el toque original almodovariano). Tanto le gusta y desde tan pequeñita (desde que su escasa altura le brindaba la gran suerte de tener la boca a la altura de las braguetas varoniles) que lamenta mucho que en su entorno no hubiera ningún pedófilo. O sea que pueden existir hombres “raros”. Vaya ¡qué mala suerte! Se supone que nos tenemos que reír. Si somos “progres”, hemos de reírnos más puesto que la concejala es de derechas.

Otras veces, las mujeres actúan, no por deseo, sino por amor.
Puede que a ella no le guste “chupar pollas”, ni prostituirse pero que esté dispuesta a hacerlo como muestra de cariño. Así, como comenté en otro artículo a propósito de la película Rompiendo las olas (Lars von Triers, 1995)8: “Al principio del film, en la secuencia de la boda, queda meridianamente planteado qué se entiende por amor y por placer. Ella le dice: “Hazme el
amor” y lo que para ella –y él– significa es: “Toma mi cuerpo y disfruta con él, que mi disfrute es que tú disfrutes”. En el desarrollo de la escena queda claro que la idea de “hacer el amor”
para nada incluye el placer ni el deseo de la protagonista o, si se quiere, incluye la idea de que el placer y el deseo de ella es sola y exclusivamente el deseo y el placer de él. Estamos, pues, ante un placer vicario que se define en relación al otro. Así, como dijimos antes, placer para las mujeres es dar placer. Y si para dar placer hay que pasar por el sufrimiento e incluso la muerte, pues se pasa.

Siguiendo tal planteamiento, cuando más tarde él le pide que “haga el amor con otros”, se entiende que le está pidiendo que haga con otros los que antes hacía con él: poner su cuerpo a
disposición de diversos varones –los que sean, da igual y éste es un agravante– para que ellos disfruten usándolo, a fin de que su amante esposo también disfrute, en una cadena en la que, vuelvo a repetir, el único deseo y placer que queda excluido es el de ella.

La protagonista de este film, como ama a su esposo (suprema justificación para que las mujeres acepten cualquier tropelía y salvajada) hará lo que él le pide aunque tenga que vomitar, ser
despreciada, lastimada e incluso asesinada. Grandioso.
Si no se tiene en cuenta el deseo ni el placer de las mujeres, se da carta blanca al varón para plasmar su propio deseo e imponerlo. Y así, por ejemplo, las escenas de sexo de las películas
repiten machaconamente este mensaje: al orgasmo femenino se llega sólo con la penetración y dura lo que dure el orgasmo masculino. O sea, el coito es el alfa y la omega y su variante es
la felación. Punto9.

Más ampliamente, se postula que la mujer “naturalmente” ha de disfrutar con lo que el varón disfrute. De ahí que se construya a los personajes femeninos que ejercen la prostitución
como seres llenos de “entusiasmo vocacional por el oficio”. Muestran alegría, dinamismo, ganas de vivir. En oposición, los personajes femeninos “decentes” son desagradables, fastidiosos, irritantes, ruines. Esa dicotomía aparece en muchos y variados filmes. Desmontando a Harry (Woody Allen, 1997), Ochocientas balas (Álex de la Iglesia, 2002) o Airbag (Bajo Ulloa,
1997), por citar sólo algunos ejemplos. Las mujeres de estos filmes se distribuyen en dos bloques bien delimitados: “las decentes” que son arpías, brujas, castradoras e insufribles y las prostitutas que son generosas, divertidas, que no incordian, que dan placer a los personajes masculinos sin plantearles ningún requerimiento o problemática. Y que llevan su entusiasmo tan lejos que terminan enamorándose del cliente (Airbag) o proponiendo “servicios” gratis a viejos y niños (Ochocientas balas). Hay ciertas excepciones: puede aparecer alguna jovencita que no se dedique a la prostitución y que, sin embargo, sea guapa, sumisa, complaciente y que tampoco incordie, aunque nunca te puedes fiar del todo (Desmontando a Harry).

Según el cine, la prostitución se ejerce por impulso vocacional irresistible. En Pelotazo nacional (Ozores, 1993) las mujeres se dedican a la prostitución por vicio y lujuria incontenibles. Quieren follar y como sus maridos no están a la altura de tanto desenfreno, ellas se ven obligadas a prostituirse para colmar sus ardores. Obsérvese que no recurren al procedimiento más obvio: echarse uno o varios amantes expertos y bien mandados que le hagan lo que ellas quieran. No, eso es cosa de hombres. A las mujeres lo que las satisface es que un tipo cualquiera les haga lo que él desee. Ellas no crean un guión para sus deseos porque su deseo es someterse al guión que escribe el varón. Y puede objetarse: “Bueno, es que Ozores…”. Pues lo mismo hace Buñuel en Belle de jour (1967). Como analicé en otro lugar10: “La protagonista –encarnada por Catherine Deneuve– tiene fantasías masoquistas y ¿cómo las realiza? No pidiéndole al marido la incorporación de rituales sadomasoquistas en su relación sexual, ni –si él se negara– buscando a un apuesto y bien mandado joven para que “la maltrate” en un guión controlado por ella misma, sino haciéndose prostituta a tiempo parcial. Es decir, poniéndose a disposición de los hombres que
lleguen al prostíbulo para que hagan con ella lo que quieran.

Es una realización cuanto menos extraña ya que, como señala Jutta Brückner11:

“En el seno del imaginario se realizan experiencias que no quieren o no pueden hacerse realidad porque conducen a zonas que son el límite mismo de toda experiencia. La imaginación
calma los deseos fantásticos, no los deseos reales. Cuando las mujeres soñaban (y sueñan) con sujeción sexual no es porque desean, por ejemplo, de ser violadas en el sucio pasillo de una casa sino por deseo de verse totalmente sumergida y perdida en sus propios deseos”.12




Pero la película de Buñuel no lo entiende así. Es decir, no lo entiende así en el caso de la protagonista, sí lo entiende así en el caso del cliente masoquista –eminente profesor de universidad– que también gusta de ser humillado y castigado. Porque él, al contrario que ella, sí distingue perfectamente entre deseos imaginarios y plasmación de esos deseos. No deja, pues, su cátedra y se pone a servir a una marquesa tiránica que lo humille y maltrate realmente. En la realización de su fantasía sadomasoquista, él no dimite de su poder. Al contrario: elige pareja, vestuario, guión, tiempo y modos. Es decir, el cliente no quiere la realidad, quiere la fantasía, quiere una puesta en escena masoquista en la que él lleve las riendas. Quiere una representación de la que él sea el director.

Pero la diferencia de planteamiento según que se hable de hombres o de mujeres es un esquema muy recurrente y base misma de todo relato patriarcal. Y así, como dije antes, en el cine, cuando un personaje varón desea tener muchos y variados encuentros sexuales, busca y elige –sobre todo elige– mujeres voluntarias o pagadas para hacer con ellas –o para que le hagan– lo que él quiera. Una mujer que desee la promiscuidad no actúa de la misma manera, no busca chicos apañados y obedientes que le hagan lo que ella desea (incluida una azotaina, por ejemplo). No, ella se pone a prostituirse en una esquina.”

Y es que somos prostitutas vocacionales. Como señala un personaje de la película Jamón, jamón (Bigas Luna, 1992): “Todas las mujeres lleváis una puta dentro”. A lo que cabría responder que se trata más bien de que muchos hombres (no todos, menos mal) llevan dentro un prostituidor, que sueña con convertir a todas las mujeres en prostitutas (y sin pagarles).





Además de prostituidas, contentas y entusiastas

Como vengo exponiendo, el relato audiovisual hace una acendrada, entusiasta y masiva propaganda de la prostitución. En todo tipo de películas y de muy diversas maneras. La banaliza
casi siempre y la trata o evoca con complacencia y humor.
En Torrente 3 (Santiago Segura, 2005) uno de los personajes comenta: “a pesar de que la prostitución me parezca absolutamente vejatoria para la mujer, si me invitas...”. Y sí, con las prostitutas hay que tener buen rollito pues no en vano son muy agradables y complacientes: “¡Cómo me gustan las guarrillas!” dice Torrente en Torrente 2 (2001). Pero tampoco hay que pasarse con los miramientos. De modo que, acto seguido, el mismo personaje comenta de una –y con ella delante–: “¡Mira que es fea, la joia, pero cómo chupa!”.

La inmensa mayoría de los filmes dirigidos por varones y que abordan el asunto tienen un denominador común: la prostitución es un oficio como otro cualquiera. Ya señalé en otro lugar13:
“Aunque todos los estudios psicológicos concuerden en que el ser humano necesita en torno suyo un espacio y que la trasgresión de ese espacio se vive como agresión, en el cine parece que las prostitutas tuvieran una estructura psíquica diferente. Ellas no tienen esos reparos basados en fuertes esquemas psicológicos que deban violentar, tales como la intimidad, la inviolabilidad del espacio corporal que psicológicamente necesitamos y que sólo dejamos que traspase gente especial, la repugnancia a tocar (y no digamos nada a chupar) un cuerpo extraño, etc. El ejercicio de tal actividad no conlleva humillación, ni desvalorización, ni asco, ni sufrimiento de ninguna suerte, así es que, para pasar la noche en una acera esperando que cualquiera pida precio por “una mamada” no hay que recurrir a ningún tipo de estimulante ni droga legal o ilegal (Pretty woman, por ejemplo)”.

En cualquier caso, el frenesí vocacional de las prostitutas desborda cualquier otro. Así, si un “cliente” tiene un pene grande, la prostituta se muestra encantada, lo vive como un regalo extra. En El pacto de los lobos (Christophe Gans, 2001) un grupo de hombres van al burdel. Como el amigo del protagonista tiene una serpiente tatuada en el pecho, la prostituta que lo “atiende” piensa que se trata de un brujo y se asusta. Los remilgos se acaban cuando él muestra el maravilloso tamaño de su pene (¡ah, era ahí donde residía su embrujo!). Entonces ya surge una voluntaria que se supone lo haría incluso sin cobrar. Nadie en su sano juicio se atrevería a imaginar un comportamiento similar en cualquier otro trabajo: un profesor entusiasmado porque en vez de veinte tiene cuarenta exámenes que corregir, un empleado de mudanzas que al ver un enorme y pesado mueble sonríe extasiado…

La trata no existe

En medio de tan festivo panorama, la trata de mujeres no existe, claro está. Resulta curioso comprobar el foso entre la realidad que se percibe en cualquier lugar donde se ejerce la prostitución y los relatos audiovisuales que la muestran. En el primer caso, con una simple ojeada se comprueba que casi todas las mujeres son extranjeras. No vamos a pensar que las rumanas, brasileñas, paraguayas son vocacionalmente prostitutas (aunque, como estamos comprobando, la ficción audiovisual puede dar como cierta cualquier aberración). Lógico es deducir que la ejercen mujeres en situación de extrema necesidad. Muchas de ellas abusadas, sometidas, esclavizadas. Pero, por supuesto, eso no se muestra. O se muestra muy pocas veces.

Un ejemplo raro es Lilya Forever (Lukas Moodysson, 2002). Excelente y durísimo film que nos cuenta cómo una adolescente rusa de 16 años, abandonada por su madre, se ve abocada a la prostitución para poder comer. Un día, conoce a un encantador chico que le promete un futuro mejor en Suecia. Así es como Lilya termina en la red de trata de mujeres. La película lo muestra sin concesiones y sin falso sentimentalismo.

Todo lo contrario de lo que hace el film Princesas (León de Aranoa, 2005). Éste plantea la propaganda moralizante de: “Rescatemos a la pobre emigrante y dignifiquemos la profesión cuando se ejerce libremente”. Ese rescate de la pobre emigrante no pasa, por supuesto, por la lucha contra la prostitución ni siquiera por la lucha contra la trata pues, si bien Zulema, la emigrante, se prostituye por necesidad y tiene que aguantar el maltrato de un tipo brutal que le promete papeles, no está sometida al control de ninguna mafia. Vino y se va siguiendo su albedrío. Depende de sí misma y de la generosidad de su amiga Caye. No estamos, pues, ante un tema de justicia ni de derechos humanos sino ante un tema de caridad. Es una lástima que las miles de mujeres de países del tercer mundo o de Europa del Este, obligadas a prostituirse, no tengan una Caye a su lado. Aunque ya me serviría de consuelo que León de Aranoa dedicara los ingresos que le genere su última película a hacer “obras de misericordia” y facilitara la liberación de algunas de las que están en nuestras calles, parques, puticlubs de carretera y pisos. En fin, Princesas ilustra la bonita teoría del libre albedrío, a saber: “No se debe obligar a nadie a ejercer de prostituta pero sí se trata de una opción personal ¿hay algo de malo?”. Y así, por contraste con Zulema, el personaje de Caye, se prostituye porque quiere. Tiene el capricho de pagarse una operación para agrandar sus mamas y se supone que este trabajo le resulta cómodo y adecuado. Hay que pasar por algún mal traguillo pero, bah, merece la pena. Por supuesto vender el cuerpo, la intimidad, el propio deseo, es algo tan leve, tan sin implicación alguna en los sentimientos, las emociones, la autoestima, que puede compaginarse con una vida totalmente convencional que incluya comida semanal en familia. Una vida cuya aspiración máxima sea encontrar a un hombre que la espere a la salida del trabajo (¿del burdel?). Siempre pienso que los que plantean estas fábulas carecen de imaginación. No sé si Fernando León de Aranoa es capaz de pensarse a sí mismo en una acera, ofreciéndose a hombres y mujeres por igual (pues si no hay deseo, qué más da). Y no a hombres y mujeres guapísimos, sino a cualquiera de los que pueden pasar por una esquina, a los que hay decir tus tarifas (tantos euros por un griego, tantos por un francés...) e intentar negociar con ellos para que no las rebajen en exceso.

Películas que muestran la realidad


Ya mencioné Lilya Forever. Lukas Moodysson es un director exigente, y construye y maneja muy bien las claves narrativas de sus películas. Aquí la bajada a los infiernos más sórdidos de Lilya, una adolescente rusa, está contada con maestría. Su historia agrede tanto más cuanto que los espectadores y espectadoras comprendemos que está “basada en hechos reales”, por decirlo con las tópicas palabras.

Pero son pocos los films que sitúan su cámara y su punto de mira en la descripción de un contexto que suene a verdad y no a fantasía delirante y edulcorada. Otro de ellos es Nadie hablará de nosotras cuando hayamos muerto (Díaz Yanes 1995). La película muestra cómo muchos varones consideran a las mujeres objetos meramente utilitarios. Si es la suya, la “legítima”, la convierten en depositaria y guardiana de sus hijos, sus legados familiares y, por lo mismo, de su honor. En ese sentido, el símbolo máximo de la decadencia de una raza o un pueblo es que no pueda controlar a sus mujeres. Las que no son depositarias de esos bienes son putas, depositarías tan sólo de su semen y su desprecio. Porque, en efecto, los varones que usan la prostitución desprecian profundamente a las mujeres que la ejercen ¿cómo, si no, podrían usarlas con tanto descaro y desparpajo? Las consideran poco más que animalitos obedientes que no pintan nada. Hasta el punto de que pueden estar presentes mientras los varones hacen los negocios más turbios. El personaje de Gloria vive esa total degradación hundida en el alcohol. La película cuenta su lenta y dolorosa recuperación para la vida. Recuperación que no es producto de una varita mágica sino que se basa en el propio esfuerzo y en la ayuda (ayuda que no caridad) exigente y cariñosa de otra mujer.

Monster (Patty Jenkins, 2004) gira en torno a la vida de una prostituta que vive sumida en un patético caos emocional y mental como consecuencia de los abusos sexuales que sufrió en la infancia. En la primera secuencia se nos narra cómo llega a la prostitución. Nos lo muestra como consecuencia de la profunda desestructuración psicológica que le generaron las agresiones sufridas cuando era niña.




Por último quisiera hablar de Miente (Isabel de Ocampo, 2009). Ganó muy merecidamente el Goya al mejor corto. Su directora demuestra un gran pulso narrativo y una gran inteligencia para la puesta en escena. Miente centra su historia en un personaje femenino prostituido por una de las muchas redes que se dedican a ello. Es una película de pocas palabras; sobria porque toda su fuerza se concentra en lo que muestra. La cámara sigue a su protagonista y no cae nunca en la tentación de “adornar” el relato. Así, por ejemplo, en la escena de la sodomización, el plano se centra exclusivamente en ella, en su cara, evitando cualquier otra mostración que pudiera servir de carnaza o que contaminara el horror con tintes “eróticos”. Al filmar la escena así, las imágenes nos dicen: “No estamos viendo un acto sexual sino una agresión sexual”. Isabel de Ocampo es joven, su carrera acaba de empezar y hemos de alegrarnos muchísimo de su aparición en el mundo de la creación audiovisual porque, como vengo argumentando, es esencial contar con propuestas que no se limiten a machacar una y otra vez los mismos tópicos sino que se atrevan a mirar de otra manera.





Como dijimos, la violencia contra las mujeres no es genética, sino trasmitida y aprendida (en buena parte a través de la ficción audiovisual). El hecho de que sea producto de entramados y construcciones históricas significa que es modificable. Podemos y debemos desracionalizar y deslegitimar la violencia machista. Urge hacerlo. Hemos de luchar en muchos frentes pero no cabe duda de que, para avanzar, nos será muy útil contar con ficciones audiovisuales que muestren otros puntos de vista, que eduquen en otras emociones, que nos faciliten (y faciliten a las nuevas generaciones) la elaboración de guiones de vida antipatriarcales.

Los relatos que masivamente se difunden hoy son especialmente dañinos y lesivos con la mitad de la humanidad y embrutecen y denigran a toda ella. Urge construir otras realidades humanas. Ya hemos avanzado mucho en pocos años y ya hay films que construyen otros puntos de vista. Yo personalmente confío, ante todo, en las directoras. Creo que ellas, cada vez más, reflejarán y darán eco a otras realidades, otras formas de ser hombres y mujeres que ya existen en la vida real. Animo, pues, a tod@s l@s lector@s a promover el cine realizado por mujeres.


1. Este artículo retoma parte de otro mío: “La violencia sexual contra las mujeres en
el relato audiovisual” en Pedro Sangro y Juan F. Plaza (eds.), La representación de las
mujeres en el cine y la televisión contemporáneos, Barcelona, Laertes, 2010, pág. 141-158.
2. Donde habite el olvido, poema VII
3. Aguilar 2010, op. Cit., pág. 146
4. Marqués, Josep Vicent 1981. ¿Qué hace el poder en tu cama? Barcelona: Ediciones
2001, pág. 86
5. Aguilar, Pilar (1998): Mujer, amor y sexo en el cine español de los 90, Madrid, Fundamentos,
capítulo 6, págs. 113 a 137 y en Aguilar, Pilar (2010): “El cine, una mirada cómplice en la violencia contra las mujeres” en Ángeles de la Concha (coord.), El sustrato cultural de la violencia de género, Madrid, Síntesis, pag.241-276.
6. Aguilar, Pilar (2004): ¿Somos las mujeres de cine? Prácticas de análisis fílmico, Oviedo,
Instituto Asturiano de la Mujer.
7. Aguilar, P. (2010): “La representación de las mujeres en las películas españolas:
un análisis de contenido” en Fátima Arranz (Dir.), Género y cine en España, Madrid:
Cátedra, pág. 211-274.
8. “El cine, una mirada cómplice en la violencia contra las mujeres”, op. Cit. Pág. 249
9. Nos estamos refiriendo a lo que se muestra en la mayoría de las películas lo cual no
implica que se niegue la existencia (aunque escasa, eso sí) de otras variantes.
10. “El cine, una mirada cómplice en la violencia contra las mujeres”, op. Cit. Pág. 258.
11. Brückner, Jutta: «Pornographie. La tache de sang dans l’oeil de la caméra ». Les
Cahiers du Grif. 25. Pág. 122.
12. La traducción es mía
13. “La violencia sexual contra las mujeres en el relato audiovisual”, op. cit.



Texto extraído de: “Prostitución. Ataque directo a los derechos humanos” 
Comisión de Violencia de CELEM
Madrid, noviembre 2010

Nota: el corto “Miente” de Isabel de Ocampo se puede ver en

http://www.youtube.com/watch?v=JCz8HGRTi2c




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